Dans une annonce qui pourrait redéfinir les équilibres du secteur de l'intelligence artificielle, OpenAI et Nvidia ont officialisé un partenariat stratégique évalué à 100 milliards de dollars. Cet accord, matérialisé par une lettre d'intention, vise à construire l'infrastructure nécessaire aux futures générations d'IA, avec un objectif clair : accélérer la course vers la superintelligence artificielle.
Un projet aux dimensions pharaoniques
L'ampleur du projet donne le vertige. Le partenariat prévoit le déploiement d'au moins 10 gigawatts de matériel Nvidia, une puissance de calcul équivalente à la consommation électrique de plus de 8 millions de foyers américains. Cette infrastructure colossale sera entièrement dédiée à l'entraînement et au déploiement des prochains modèles d'OpenAI.
Le calendrier est déjà établi : la première phase opérationnelle devrait voir le jour dans la seconde moitié de 2026. Elle s'appuiera sur la future plateforme Vera Rubin de Nvidia, attendue comme la prochaine révolution dans le domaine des puces dédiées à l'IA.
Une mécanique financière innovante
La structure financière de cet accord mérite une attention particulière. Nvidia investira progressivement jusqu'à 100 milliards de dollars dans OpenAI au fur et à mesure du déploiement des systèmes. Concrètement, le fabricant de puces achètera d'abord des actions sans droit de vote d'OpenAI, qui utilisera ensuite ces fonds pour acquérir les précieuses puces Nvidia.
« Tout commence avec la puissance de calcul », justifie Sam Altman, le PDG d'OpenAI. « Cette infrastructure sera le socle de l'économie future. Nous utiliserons ce que nous construisons avec Nvidia pour créer de nouvelles avancées en IA et les mettre à l'échelle au service des personnes et des entreprises. »
Consolidation des positions dominantes
Ce partenariat consolide la position déjà hégémonique de Nvidia sur le marché des puces IA, qui représente aujourd'hui plus de 80% du secteur. Pour OpenAI, l'accord garantit un accès privilégié aux composants les plus performants du marché, essentiels pour maintenir son avance dans le développement des modèles de langage.
Cette alliance stratégique pourrait cependant susciter des inquiétudes chez les concurrents directs. Amazon, Google et Microsoft, qui développent leurs propres solutions d'IA, pourraient voir d'un mauvais œil ce rapprochement entre un fournisseur clé et un acteur majeur du logiciel.
Les risques identifiés par les analystes
Les observateurs pointent plusieurs risques potentiels. Le premier concerne la concentration des pouvoirs, avec un possible effet « circulaire » où l'investissement de Nvidia reviendrait indirectement dans ses caisses via les achats de puces par OpenAI.
Stacy Rasgon, analyste chez Bernstein, souligne : « D'un côté, cela aide OpenAI à atteindre ses objectifs ambitieux en matière d'infrastructure de calcul, et permet à Nvidia de s'assurer que ces systèmes seront construits. De l'autre, les préoccupations sur ce caractère circulaire ont déjà été soulevées par le passé, et cet accord va les alimenter davantage. »
Contexte réglementaire et implications antitrust
L'annonce intervient dans un contexte réglementaire particulier. L'administration Trump actuelle semble adopter une approche plus conciliante envers les géants technologiques, ce qui pourrait faciliter la validation de cet accord sans scrutiny antitrust trop poussé.
Pourtant, l'ampleur du partenariat pourrait attirer l'attention des autorités de concurrence, notamment en Europe où la régulation des grandes technologies se fait plus stricte. La Commission européenne surveille de près les concentrations de pouvoir dans le secteur numérique.
Les autres projets d'OpenAI dans les puces
Il est intéressant de noter qu'OpenAI n'a pas abandonné ses ambitions dans le développement de puces maison. Comme Google et Amazon, l'entreprise travaille sur ses propres composants pour réduire les coûts et sa dépendance envers Nvidia.
Plus tôt cette année, des informations révélaient qu'OpenAI collaborait avec Broadcom et Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. pour concevoir ses propres puces. Le partenariat avec Nvidia ne remettrait pas en cause ces projets parallèles, selon une source proche du dossier.
Impact sur le marché
La réaction des marchés a été immédiate. L'action Nvidia a grimpé jusqu'à 4,4% pour atteindre un record historique après l'annonce. Oracle, qui travaille avec OpenAI, SoftBank et Microsoft sur un projet de centre de données IA de 500 milliards de dollars baptisé Stargate, a vu son cours augmenter d'environ 6%.
En revanche, l'action Broadcom a légèrement reculé de 0,8%, reflétant les craintes des investisseurs quant à l'impact de ce partenariat sur les autres acteurs du secteur.
Perspectives pour l'écosystème IA
Ce rapprochement historique s'inscrit dans une dynamique plus large de consolidation du secteur de l'IA. Avec plus de 700 millions d'utilisateurs actifs hebdomadaires, OpenAI continue son expansion agressive, tandis que Nvidia confirme sa position de fournisseur incontournable.
Les détails définitifs du partenariat devraient être finalisés dans les prochaines semaines. Reste à voir comment cette alliance influencera l'équilibre des forces dans un secteur en pleine mutation, où la course à la suprématie technologique s'accélère mois après mois.
À retenir
- Partenariat de 100 milliards de dollars entre OpenAI et Nvidia
- Déploiement de 10 gigawatts de matériel Nvidia d'ici fin 2026
- Mécanisme financier innovant : Nvidia investit dans OpenAI qui achète ses puces
- Objectif : accélérer le développement vers la superintelligence
- Risques potentiels de concentration du pouvoir et de scrutiny antitrust