Dans un mouvement stratégique qui secoue l’industrie des semi-conducteurs, Nvidia, géant de l’IA et du calcul accéléré, annonce un investissement de 5 milliards de dollars dans Intel, accompagné d’un partenariat technologique d’envergure. Cette décision intervient dans un contexte où Intel, fabricant historique de puces américain, traverse une période difficile, malgré le récent soutien financier du gouvernement américain via le CHIPS Act.
Un investissement qui redonne confiance
L’annonce de cet investissement a immédiatement provoqué une hausse de plus de 30 % des actions d’Intel, témoignant de l’impact positif perçu par les marchés. Jensen Huang, PDG de Nvidia, a qualifié cet accord de « fantastique », soulignant les bénéfices mutuels pour les deux entreprises. Avec une valorisation boursière de 4 300 milliards de dollars, Nvidia apporte ainsi un soutien crucial à Intel, qui cherche à consolider sa situation financière et à accélérer son innovation.
Une collaboration technologique ambitieuse
Au-delà de l’aspect financier, les deux entreprises dévoilent une collaboration technique majeure. Intel intégrera sa technologie de processeurs (CPU) et son écosystème x86 avec les capacités d’IA et de calcul accéléré de Nvidia, via la technologie NVLink. Cette alliance vise à créer des systèmes innovants, notamment un système sur puce (SoC) fusionnant processeurs et GPU, destiné au marché des laptops.
Jensen Huang a précisé lors d’une conférence de presse : « Il se vend 150 millions de laptops par an. Nous créons désormais un système sur puce qui fusionne deux processeurs en un seul SoC géant, ce qui donnera naissance à une nouvelle classe d’ordinateurs portables intégrés que le monde n’a jamais vue. »
Un potentiel de revenus colossal
Le PDG de Nvidia estime que ce partenariat représente une opportunité annuelle de 25 à 50 milliards de dollars. Un chiffre qui illustre l’ambition des deux géants de dominer le marché des dispositifs personnels, en particulier celui des laptops haut de gamme équipés de capacités d’IA avancées.
Contexte géopolitique et réglementaire
Cette annonce survient peu après que le gouvernement américain a pris une participation d’environ 10 % dans Intel, convertissant des subventions du CHIPS Act en investissement direct. Bien que Jensen Huang ait insisté sur le fait que l’administration Trump n’a pas été impliquée dans les négociations – menées depuis près d’un an –, certains analystes estiment que cet investissement renforce les relations de Nvidia avec les autorités américaines.
Par ailleurs, les récentes évolutions des contrôles à l’exportation, qui limitent la vente de puces avancées vers la Chine, pourraient également influencer les stratégies des deux entreprises. L’administration américaine a en effet conditionné l’octroi de licences d’exportation pour Nvidia et AMD à une rétrocession de 15 % des revenus générés.
Questions en suspens
Malgré l’enthousiasme affiché, plusieurs interrogations subsistent. La collaboration annoncée ne mentionne pas explicitement les services de fonderie d’Intel (Intel Foundry Services), alors que Nvidia dépend majoritairement de TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) pour la fabrication de ses puces. Lors de la conférence de presse, les dirigeants des deux entreprises sont restés évasifs sur ce point, indiquant que cette question serait abordée ultérieurement.
Lip-Bu Tan, PDG d’Intel, a souligné que l’accord actuel se concentre sur une collaboration produit, tandis que Jensen Huang a réaffirmé la solidité de la relation de Nvidia avec TSMC.
Perspectives et implications pour le marché
Ce partenariat pourrait marquer un tournant dans l’industrie des semi-conducteurs, en rapprochant deux acteurs majeurs souvent perçus comme concurrents. Il s’inscrit dans une dynamique plus large de consolidation et de collaborations stratégiques, stimulée par les enjeux géopolitiques et la course à l’innovation technologique.
Pour Intel, cet investissement et cette collaboration représentent une opportunité de relancer son innovation et de regagner des parts de marché. Pour Nvidia, il s’agit d’élargir son influence au-delà des data centers et de l’IA, vers le marché grand public des laptops.
À retenir
- Nvidia investit 5 milliards de dollars dans Intel, provoquant une hausse de 30 % des actions d’Intel.
- Les deux entreprises lancent une collaboration technologique pour intégrer CPUs Intel et GPUs Nvidia via NVLink.
- Objectif : développer un système sur puce (SoC) fusionné pour les laptops, visant un marché de 150 millions d’unités par an.
- Potentiel de revenus estimé entre 25 et 50 milliards de dollars annuels.
- Contexte : participation récente du gouvernement américain dans Intel (10 % via le CHIPS Act).
- Questions en suspens sur l’utilisation future des fonderies d’Intel par Nvidia.