Alors que Donald Trump effectuait une visite d'État au Royaume-Uni en septembre 2025, les géants technologiques américains Microsoft et Nvidia ont dévoilé des investissements massifs dans l'écosystème britannique de l'intelligence artificielle. Un engagement conjoint pouvant atteindre 45 milliards de dollars, qui s'inscrit dans le cadre d'un accord technologique entre les États-Unis et le Royaume-Uni, et qui vise à renforcer la position du pays dans la course mondiale à l'IA.

Un timing stratégique et des montants historiques

L'annonce, faite en marge de la visite du président américain, n'est pas fortuite. Microsoft s'engage à injecter 30 milliards de dollars sur quatre ans dans des infrastructures IA, notamment via des partenariats avec des opérateurs de data centers comme Nscale. De son côté, Nvidia promet jusqu'à 15 milliards de dollars dédiés à la recherche et développement, en collaboration avec CoreWeave et Nscale. Ces investissements s'ajoutent aux 6,8 milliards déjà promis par Google pour développer ses capacités IA britanniques.

Brad Smith, vice-président de Microsoft, a tenu à préciser que cette décision n'était pas le résultat d'une pression gouvernementale : « Nous avons eu de nombreuses conversations avec le gouvernement britannique, y compris avec des personnes au 10 Downing Street, comme on pouvait s'y attendre, et cela dure depuis des mois. »

Stargate UK : une joint-venture pour renforcer les capacités souveraines

Parmi les initiatives les plus marquantes figure la création de « Stargate UK », une joint-venture entre Nvidia, Nscale et OpenAI. Son objectif : renforcer les capacités de calcul souveraines du Royaume-Uni. OpenAI prévoit de déployer jusqu'à 31 000 GPU dans le pays, avec une première phase de 8 000 unités prévue au premier trimestre 2026.

« Stargate UK garantit que les modèles d'IA de pointe d'OpenAI peuvent fonctionner sur une puissance de calcul locale au Royaume-Uni, pour le Royaume-Uni », a déclaré l'entreprise dans un communiqué. Nscale, de son côté, prévoit une expansion significative de ses capacités sur plusieurs sites, dont Cobalt Park à Newcastle, qui fera partie d'une nouvelle zone de croissance dédiée à l'IA dans le Nord-Est.

Des défis infrastructurels et environnementaux majeurs

Ces investissements massifs ne se font pas sans défis. Le Royaume-Uni, et Londres en particulier, fait face à des contraintes croissantes en matière d'approvisionnement électrique et en eau. Le gouvernement a certes classé les data centers comme infrastructure critique nationale en septembre 2024, mais l'opposition des groupes environnementaux et des riverains ne cesse de grandir.

Oliver Hayes, responsable des politiques et campagnes chez Global Action Plan, alerte : « De plus en plus de data centers signifient une demande électrique accrue et une pression supplémentaire sur les ressources en eau. Cela aura un impact très significatif et rendra plus difficile l'atteinte de nos objectifs climatiques. »

L'organisation Tech Justice Foxglove a même appelé à une révision urgente de la stratégie britannique en matière de développement de data centers, pointant du doigt les coûts énergétiques et environnementaux supportés par la population.

Un enjeu de souveraineté technologique post-Brexit

Pour le Royaume-Uni, ces investissements représentent bien plus qu'un simple afflux de capitaux. Ils s'inscrivent dans une stratégie visant à faire du pays une destination de choix pour les entreprises technologiques de pointe, et à compenser les incertitudes liées au Brexit.

Le Premier ministre Keir Starmer a salué ces annonces comme une « étape décisive » vers cet objectif. « Nous voulons que le Royaume-Uni soit la destination de choix pour les entreprises à la pointe du changement technologique », a-t-il déclaré.

À retenir

  • Microsoft et Nvidia investissent 45 milliards de dollars dans l'IA au Royaume-Uni, en plus des 6,8 milliards de Google.
  • Création de Stargate UK, une joint-venture entre Nvidia, Nscale et OpenAI pour renforcer les capacités de calcul souveraines.
  • Déploiement prévu de jusqu'à 31 000 GPU par OpenAI sur le sol britannique.
  • Défis majeurs : tensions sur l'approvisionnement électrique et en eau, opposition croissante des groupes environnementaux.
  • Enjeu de souveraineté technologique pour le Royaume-Uni post-Brexit.