Dans le paysage des startups technologiques de 2025, une nouvelle entreprise émerge avec des ambitions démesurées et des moyens à la hauteur de ses promesses. Periodic Labs, fondée par d'anciens chercheurs d'OpenAI et Google Brain, vient de lever 300 millions de dollars lors de son premier tour de table, un montant exceptionnel pour une jeune pousse encore en phase de développement.

Des fondateurs au pedigree exceptionnel

La crédibilité de Periodic Labs repose en grande partie sur l'expertise de ses deux cofondateurs. Liam Fedus, considéré comme l'un des cerveaux derrière le développement de ChatGPT chez OpenAI, quitte l'entreprise après avoir dirigé l'équipe cruciale chargée de l'affinage des modèles après leur entraînement initial. Son associé, Ekin Dogus Cubuk, apporte quant à lui une expertise reconnue en science des matériaux et en apprentissage automatique acquise chez Google Brain.

Leur rencontre, il y a sept mois, a donné naissance à un projet qui pourrait transformer radicalement la recherche scientifique. « Après des années de discussions dans la Silicon Valley sur la manière dont l'IA générative allait révolutionner la découverte scientifique, nous avons estimé que toutes les pièces du puzzle étaient enfin réunies », explique Cubuk.

La convergence de trois révolutions technologiques

Le timing de création de Periodic Labs n'est pas le fruit du hasard. Trois avancées technologiques majeures rendent aujourd'hui possible ce qui relevait encore récemment de la science-fiction.

La robotique mature pour la synthèse des matériaux

Les bras robotisés ont atteint un niveau de fiabilité suffisant pour manipuler avec précision des poudres et réaliser des synthèses de matériaux complexes. Cette automatisation des processus expérimentaux ouvre la voie à une production continue et reproductible de nouveaux composés.

Les simulations par IA enfin précises

Les modèles de simulation basés sur l'apprentissage automatique peuvent désormais modéliser des systèmes physiques complexes avec une précision inédite. Ces outils permettent de prédire le comportement des matériaux avant même leur fabrication, accélérant considérablement le processus de découverte.

Le raisonnement des LLM arrive à maturité

Les grands modèles de langage ont développé des capacités de raisonnement suffisantes pour analyser des résultats expérimentaux et suggérer des corrections de trajectoire. Le travail de Fedus chez OpenAI a justement contribué à ces avancées dans le post-entraînement des modèles.

Un écosystème scientifique entièrement automatisé

La vision de Periodic Labs repose sur la création d'un cycle vertueux où la simulation découvre de nouveaux composés, les robots les fabriquent physiquement, et l'IA interprète les résultats pour suggérer des améliorations. Mais l'innovation ne s'arrête pas là.

« Même les expériences ratées deviennent précieuses pour notre startup car les données sont le carburant de l'IA », souligne Fedus. Cette approche pourrait bouleverser le système de motivation scientifique traditionnel, qui privilégie la réussite immédiate plutôt que l'exploration systématique.

« Mettre l'IA en contact avec la réalité, intégrer des expériences dans la boucle – nous estimons que c'est la prochaine frontière », affirme Liam Fedus.

Une levée de fonds record dans l'enthousiasme général

L'annonce du départ de Fedus d'OpenAI a déclenché un véritable engouement chez les investisseurs. « Certains nous ont presque courtisés à l'envers. Un investisseur a même écrit une lettre d'amour à Periodic Labs », raconte Fedus avec amusement.

La startup a finalement choisi Felicis comme lead investor, un fonds de capital-risque de premier plan. Peter Deng, ancien collègue de Fedus chez OpenAI devenu investisseur chez Felicis, se souvient de leur première rencontre : « Liam est une personnalité très importante chez OpenAI, très apprécié et un chercheur extrêmement influent. Quand j'ai appris son départ, je lui ai envoyé un message immédiatement. »

L'engagement fut si immédiat que Deng s'est engagé à écrire un chèque lors de leur première promenade dans les collines de Noe Valley, à San Francisco. « La vérité sur ces modèles, c'est que tout ce qu'ils savent se situe dans la distribution normale. Nous prenons un tas de données, et ils peuvent simplement régurgiter ce qu'ils connaissent », explique Deng. « Découvrir quelque chose de nouveau doit impliquer de tester des hypothèses. »

Des objectifs ambitieux et concrets

Periodic Labs ne se contente pas de concepts théoriques. L'entreprise dispose déjà de son propre laboratoire et travaille activement sur son premier objectif : la découverte de nouveaux supraconducteurs. Ces matériaux, capables de conduire l'électricité sans résistance, pourraient révolutionner de nombreux domaines technologiques, des réseaux électriques à l'informatique quantique.

L'équipe a recruté des talents prestigieux provenant d'OpenAI, Microsoft et Google, constituant ainsi l'une des équipes de recherche les plus prometteuses du secteur. Contrairement aux annonces initiales, OpenAI n'est pas investisseur dans le projet, mais cette absence n'a pas freiné l'enthousiasme des autres bailleurs.

Parmi les investisseurs figurent des noms prestigieux comme Andreessen Horowitz, NVIDIA, et même Jeff Bezos via son fonds personnel, démontrant l'intérêt massif pour cette approche novatrice de la recherche scientifique.

Les implications pour l'avenir de la recherche

Le modèle développé par Periodic Labs pourrait avoir des conséquences profondes sur l'organisation de la recherche scientifique. En automatisant une partie du processus de découverte, l'entreprise ouvre la voie à une accélération sans précédent des innovations matérielles.

Les domaines d'application sont vastes :

  • Développement de batteries plus performantes et écologiques
  • Création de matériaux de construction plus résistants et légers
  • Découverte de catalyseurs pour des processus industriels plus propres
  • Conception de composants électroniques plus efficaces

Cette approche pourrait également démocratiser l'accès à la recherche de pointe, permettant à des équipes plus petites de réaliser des découvertes majeures grâce à l'automatisation et l'IA.

À retenir

  • Periodic Labs lève 300 millions de dollars dès son premier tour de financement
  • Fondée par d'anciens chercheurs d'OpenAI et Google Brain
  • Objectif : automatiser la découverte de nouveaux matériaux par IA et robotique
  • Premier projet concentré sur les supraconducteurs
  • Investisseurs prestigieux : Felicis, Andreessen Horowitz, NVIDIA, Jeff Bezos
  • Déjà opérationnelle avec son propre laboratoire de recherche